Festival Avignon IN 2017 - Chronique "La fille de Mars" - Gymnase Paul Giéra / Jean-François Matignon

Durée : 2min 13sec | Chaîne : 2017 > Chroniques Critiques
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«Que de choses il bouge dans le coeur des femmes qui ne sont point faites pour la lumière du jour !» Sur le plateau, Penthésilée l'Amazone apparaît. Elle raconte l'histoire. Celle qui a eu lieu, il y a longtemps, celle du siège de Troie. Elle y a combattu Achille qui a perdu la vie par amour pour elle, alors que la guerre ne devait engendrer que des captifs et des naissances. Penthésilée et Achille sont morts maintenant. C'est dans ce lieu, près des corps des amants, que celle qui revient d'après la catastrophe, raconte. Elle parle de l'histoire de son peuple depuis ses origines, de la loi des Amazones, des ultimes paroles d'Otréré, sa mère, de sa rencontre avec Achille, rencontre solaire sur le champ de bataille, et du bouleversement radical qui la saisit et l'entraîne loin de son devoir. Penthésilée se remémore « l'onde de choc », les corps engagés dans une guerre amoureuse, la terre brûlée, vibrante, zone de stridences et de crissements. Jusqu'au bout, par la force de la parole, elle rejouera la mise en scène de cet amour à mort, sous le regard de sa confidente et amie de toujours, Prothoé. La langue de Heinrich von Kleist, dans la traduction de Julien Gracq, fait revivre le chant désespéré de cette femme qui se déchire entre la culture qui l'a façonnée et la brûlure incandescente du premier homme.

Texte Heinrich von Kleist
Traduction Julien Gracq
Collaboration artistique Valérie Paüs
Mise en scène Jean-François Matignon
Dramaturgie Michèle Jung, Valérie Paüs
Scénographie Jean-François Matignon, Jean-Baptiste Manessier
Lumière Michèle Milivojevic
Vidéo Laurence Barbier
Son Stéphane Morisse
Avec Johanna Bonnet, Sophie Mangin, Julie Palmier, Pauline Parigot, Thomas Rousselot, Sophie Vaude